Plus que jamais, nous sommes interpelés par le décalage croissant de nos institutions électorales françaises avec les aspirations citoyennes, par les organismes internationaux censés nous représenter et par les décisions de plus en plus antidémocratiques, qu’elles soient locales, régionales, nationales ou internationales. Y a-t-il une voie de sortie vers ce qu’on pourrait appeler un déni de démocratie ?

Dans notre pays où 78 % des Français ne font plus confiance aux politiques (1) et où l'on constate que tous les partis ne sont plus représentatifs que d’une minorité acceptant encore de s’exprimer par les urnes, que reste-t-il du rôle premier de la fonction politique ?

Les dernières législatives grecques nous montrent aussi, avec un taux de 43 % d’abstention des inscrits et deux partis au pouvoir partagé représentant seulement 29,66 % pour les conservateurs et 26,89 % pour la gauche radicale, que le problème est généralisé. Les exemples sont trop nombreux à travers le monde pour être cités ici...

L’Europe impose une constitution sans tenir compte de l’avis des peuples (France, Irlande), refuse les référendums (Grèce), « démissionne » des premiers ministres pour en nommer d’autres sans passer par les urnes (Grèce, Italie), nomme des financiers de Goldman Sach à sa tête (ceux-là mêmes qui géraient la dette grecque tout en spéculant sur son défaut de paiement) et s’autoproclame, par une « délégation malsaine », régisseur règlementaire aux services des lobbyings de toute nature.

L’ONU et l’OTAN, sous couvert de guerres humanitaires ou démocratiques, sont plus encore et toujours au service des intérêts de quelques grandes puissances comme les USA, l’Allemagne ou la France (cf. la politique interventionniste et coloniale des dernières années envers l’Afrique du Nord, mais aussi en Afrique noire ,et le rapport de force perpétuel et immuable des grandes puissances émergentes comme de celles déjà établies).

Les réunions internationales, telles que le G20 ou le G8, Rio + 20 ou COP 21 ne sont que des vitrines vantant des « politiques économiques de développement » ou de « préservation de la planète », qui cachent une marchandisation générale des « biens communs planétaires ». Quand on préconise une « économie verte », pour replacer le partenariat public/privé au cœur d’un système de profit et en confisquant financièrement les terres, l’eau et les ressources naturelles diverses, à quand la taxe sur le droit de respirer un air « sain » ?

Partout dans le monde, de l’oppression la plus sauvage à la loi sécuritaire votée en catimini pendant les vacances scolaires et les mesures d'état d'urgence, le citoyen se voit restreindre sa marge de manœuvre revendicatrice ; des indignés espagnol, puis européens, à Occupy USA en passant par le Québec étudiant, les seules réponses données à une indignation légitime, mais non structurée, sont l’intervention policière et le vote de lois liberticides.

Il n’y a pas besoin de faire le tour du monde, il suffit de regarder en face notre réalité française pour comprendre que si nous voulons arrêter cette spirale de plusieurs décennies, il faut changer notre mode de représentativité et simplifier à la fois nos institutions, tout en imposant une transparence égalitaire et un renouveau de la gouvernance.

Prenons comme exemple les trois dernières échéances électorales ; encore une fois, nous allons vous proposer un autre regard sur le monde et mettre à votre disposition trois tableaux, classés par ordre croissant de tous les résultats officiels nationaux des formations politiques, mais en y intégrant les votes blancs, les abstentionnistes et les non-inscrits, en partant d’une tranche très basse de 500 000 non-inscrits (certaines estimations en proposent le double, voire le quadruple), et en ramenant tous ces chiffres non pas au nombre d’inscrits, mais sur l’ensemble du corps électoral.
La vision que nous avons alors de ces dernières élections au regard de ces chiffres, qui disent enfin la vérité, est sans appel : le premier parti de France est plus que jamais, ce que nous appelons le BANI (Blanc, Abstention, Non-Inscrit) qui comptabilise 22,89 % au premier tour des présidentielles, 44,29 % au premier tour des législatives et 47,34 % au second (2).

Quel peut être alors la légitimité des partis politiques classiques et de leurs représentants grassement rémunérés quand le premier parti de France actuel ne représente que 21,54 % du corps électoral, qu’aucune vraie proportionnelle n’existe au sein de nos scrutins et que 3 % de nos politiques sont issus de la classe dite ouvrière (3) ? Le BANI : effet de hasard linguistique ou ironie statistique ?

À l’heure où l’écologie se monétise dans les colloques internationaux ou dans des accords électoraux de couloir, où l’on paye le droit de polluer, où les voix des électeurs rapportent 1,70 € (4) [sous conditions de représentativité exigeant d'obtenir au moins 1% pour 50 candidats, NDLR], où l'on coopte par 500 signatures une classe politique toujours issue du même sérail, où, de l’extrême gauche à l’extrême droite, on ne peut penser différemment que par la sacro-sainte économie de profit au sein d’un système monétaire fractionnaire, il ne faut plus s’étonner de l’abandon et du repli sur soi des électeurs que nous sommes et des citoyens que nous ne sommes plus, comme de l’indignation qu’on voudrait nous faire croire planétaire !

On ne refait pas le monde avec seulement de l’indignation ! Il faut des solutions, et essayer de convaincre avec des exemples concrets et des applications quotidiennes ! Il faut surtout et en premier lieu réformer radicalement notre gouvernance et c’est pour cela que je vous invite à lire en cette circonstance les propositions d’un programme que nous pouvons décider d’appliquer tant au local qu’au national.

Commençons par le début, acceptons le préambule de base (5), la représentativité des citoyens, et propageons une volonté ferme, déterminée et pacifique d’une transition enfin transparente (6).

L’implication du Mouvement EBR-T au sein du débat « politique » (gestion de la cité) passe par chaque échéance électorale afin d’informer nos concitoyens qu’une autre voie est possible ; vous serez partie prenante d’une nouvelle forme de gouvernance proposée...

N’oublions pas : « Ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux à avoir tort, qu'ils ont raison ! » (7)

(1) Etude du CEVIPOF - http://www.cevipof.com/fr/le-barometre-de-la-confiance-politique-du-cevipof/resultats-1/vague6/vague6prime/
(2) Voir tableau ci-dessous
(3) http://www.inegalites.fr/spip.php?article166
(4) http://lelab.europe1.fr/t/combien-vont-rapporter-les-legislatives-aux-partis-politiques-3164
(5) Le préambule au programe de l’EBR-T
(6) Le programme de l’EBR-T
(7) John Kennedy Toole - La conjuration des imbéciles (prix Pulitzer 1981)

 BANI Présidentielles

BANI Législatives

BANI Législatives

Article rédigé le 19/06/2012 et mis à jour le 24/01/206