Le mouvement EBR-T veut présenter une « liste participative » à Bayonne, démarche en total décalage avec les us politiques. On peut en rire ou y réfléchir.
Aux législatives de 2012, Stéphane Benard avait été candidat d’EBR-T dans la 5e circonscription. Il a récolté… une voix. (ph. n. Mollo)
Il aurait préféré ne pas sacrifier à la photo sine qua non. La politique que prêche Stéphane Bernard ne s’accommode pas de têtes de gondoles, d’ambitions où se diluent les grands principes. Cette ligne, en marge des mécanismes traditionnels du pouvoir est celle de l’association « de fait et non statutaire » EBR-T : Économie basée sur les ressources-transition. L’ultime résumé de son dessein peut se formuler ainsi : l’avènement d’un monde sans monnaie pour structurer les échanges, soucieux de la réelle capacité planétaire à produire des denrées. Stéphane Bernard annonce une liste EBR-T à la municipale bayonnaise (1).
Cet ancien militant du MoDem en est le « coordonnateur ». « Notre mouvement espère en présenter une vingtaine en France. » Des listes « citoyennes et participatives ». À tous les étages de la gestion publique, les tenants d’EBR-T estiment le pouvoir confisqué par des formations politiques courroies de transmission pour de puissants lobbies économiques et financiers.
Tirage au sort
La rhétorique peut confiner au populisme. Les intéressés réfutent. « Nous sommes dans la proposition. On s’adresse à toutes les bonnes volontés, quelle que soit la couleur politique ou la culture. Nous sommes ouverts. » Concrètement, le mouvement propose, à Bayonne, de créer une liste par « déclaration spontanée ». Qui veut peut se porter candidat, via la plateforme Internet la-democratie-participative.org « C’est notre outil. Et ça le sera aussi pour gérer Bayonne ».
Les éventuels candidats « spontanés » y trouveront le « contrat moral » en 21 points qu’ils s’engageront à respecter. « Un socle de valeurs guide notre démarche. Par exemple la priorité aux circuits courts. Le critère social et non polluant des décisions. Nos valeurs vont dans le sens de l’Homme, situé au sein de l’équilibre naturel. » Pas de cumul des mandats. Ni rémunération ni indemnité. Résidence obligatoire sur la commune. Transparence des revenus et patrimoine « un an avant l’élection, pendant le mandat et un an après ».
Les futurs possibles candidats doivent souscrire à ces points. Entre autres. L’onglet « candidatures » du site propose un formulaire simple comme bonjour. Et si plus de 41 personnes, nombre total de places sur une liste, le remplissent ? « Nous procéderons par tirage au sort. » Méthode iconoclaste que celle qui consiste à se fier au hasard.
Surtout lorsque, dans le projet municipal d’EBR-T, le maire sera lui aussi désigné par la fortune. « Ce sera un poste tournant. Nous prendrons tous ceux qui veulent bien être maire, nous diviserons les six ans du mandat par leur nombre. » On objecte ici le manque de sérieux de la démarche. Sa loufoquerie ? « On est le produit d’une culture et elle nous rend difficile la conception d’un tel système. Par contre, elle nous fait admettre que nous avons besoin d’être dirigés par des spécialistes, mieux à même de prendre les bonnes décisions à notre place. Pensez-vous vraiment que les bonnes décisions soient prises depuis des décennies ? »
Stéphane Bernard, plutôt qu’à la science des « spécialistes » et « professionnels de la politique », propose de s’en remettre au « bon sens », dans une approche « très pragmatique ».
Référendum
Ainsi, le mythique référendum d’initiative populaire deviendrait monnaie quasi courante. « Les habitants de Bayonne pourraient le solliciter par une pétition réunissant 5 % de la population majeure. Le site Internet municipal devra en faciliter la mise en œuvre. Par ce biais, les habitants pourront décider d’un arrêté, en révoquer un autre, proposer une délibération… » Le promoteur du système ne le veut pas systématique, mais « régulier » et « possible en permanence ». Le fameux « bon sens » populaire peut trahir l’idéal qui l’a porté ? « Si on veut mettre en place une vraie démocratie, on en accepte les conséquences. »
Pour l’heure, le site Internet est ouvert aux candidatures et propositions, qui construiront un possible programme. « Nous nous réunirons très vite. » Le sérieux de la démarche se mesurera certainement à sa capacité à produire ce programme, et constituer la liste qui le défendra.
(1) EBR-T envisage une démarche similaire à Pau. De même, dans la ville alsacienne de Fréland.
Article rédigé le 27/08/2013